Nirbhasa is originally from Ireland but currently lives in Reykjavik, Iceland. He is an enthusiastic multi-day runner, having completed four times the Sri Chinmoy Self-Transcendence 3100 Mile Race - the longest race in the world.
4 November 2008 - Marseille
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Zatopek
Par Jayasalini Abramovskikh
1 Août
Zatopek
Mens sana in corpore sano*
Le 11 octobre 2007 disparaissait brutalement le maître spirituel et coureur à pied Sri Chinmoy. Bien décidés à poursuivre son oeuvre sportive, ses « disciples » du Marathon Team Paris vous invitent tout au long de l’année au Bois de Boulogne à aligner les miles.
« Le physique et le spirituel vont ensemble, ils ne sauraient être séparés. »
« La course nous rappelle notre voyage intérieur. »
« Cours et deviens. Deviens et cours. Cours pour progresser dans le monde extérieur. Deviens pour progresser dans le monde intérieur. »
Ainsi parlait Sri Chinmoy, maître spirituel, philosophe, humaniste, chantre de la paix et… athlète de la transcendance de soi. Quotidiennement, à 4h30 du matin, dans son quartier new-yorkais du Queens, l’homme s’adonnait à un entraînement assidu. Décédé d’une crise cardiaque à l’automne, Sri Chinmoy laisse un héritage considérable à l’univers de la course à pied en général et à celui de l’ultra-distance en particulier. Il inventa notamment en 1987 la World Harmony Run, une course en relais autour du monde passant par plus de 140 pays ! Il avait fondé dix ans auparavant le Sri Chinmoy Marathon Team (SCMT), un club qui allait essaimer partout dans le monde et devenir leader dans l’organisation d’épreuves d’endurance : 50 km, 100 km, 12 heures, 24 heures… jusqu’a la course la plus longue au monde, à savoir la Self-Transcendence 3100 Mile Race, un ultra-marathon de plus de 5.000 km qui se déroule chaque année sur un parcours de 883 m tracé dans le parc de Flushing Meadows à New York – l’effort dure deux mois !
Plus raisonnablement, les membres du Sri Chinmoy Marathon Team de Paris organisent chaque année (essentiellement dans le Bois de Boulogne) une quinzaine de courses allant du 2 miles au 100 km en passant par le 10 km, le 10 miles et le 50 km. Que ceux que la spiritualité effraierait se rassurent : « on n’en parle jamais, jure-t-on au sein du club, nous faisons simplement respecter un moment de silence avant le départ ». Spiritualité n’implique pas non plus indigence : coupes et médailles sont prévues pour les vainqueurs !
Ah ! Nous allions oublier : Sri Chinmoy admirait Emil Zatopek, qui le lui rendait bien. Le salut de La Locomotive à Mimoun à l’arrivée du marathon olympique de Melbourne, « cet exemple d’unité dans la défaite », symbolisait aux yeux du gourou « l’esprit de la course pour la transcendance de soi ».
N.G.
* Un esprit sain dans un corps sain (Juvénal)
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Running Attitude 05/2004
Par Jayasalini Abramovskikh
1 Mai
Toujours plus loin
Texte : Véronique Bellengier
De son regard discret et de sa placidité transparaît une mystérieuse sérénité. Mais il ne faut pas se méprendre. Unnatishil Bravo peut se targuer d’un riche cursus sportif, notamment dans les longues distances.
Débutant la course à pied il y a 24 ans maintenant suite à une rencontre incitative, Unnatishil Bravo parvient vite à s’épanouir dans l’effort solitaire au travers du Club Sri Chinmoy Marathon Team. Le parisien s’y investit rapidement pleinement, y trouvant la source de son équilibre, alliant au sport la méditation. « J’ai commencé à courir tous les jours. En 1980, je participe à mon premier marathon, après seulement trois à quatre mois d’entraînement », explique-t-il. Malgré un accident de voiture qui le plonge durant trois semaines dans le coma et en dépit d’une longue rééducation, Unnatishil reprend rapidement la piste. Il se remémore : « J’ai tout réappris et j’ai recommencé à courir pour, seulement un an plus tard, participer à un marathon au alentours de New York. » Dès lors, ce sont plutôt les ultra-distances qui obtiennent les faveurs du jeune homme. « Mon premier 100 km », se souvient-il, « a été celui d’Amiens. Le premier championnat de 24h, celui de Niort .» Mais désireux de se lancer de nouveaux défis, Unnatishil s’attaque sans cesse à des distances plus longues encore, sans pour autant parvenir toujours à son objectif : « En 2002, je voulais quelque chose de nouveau. Après réflexion, j’ai décidé de réaliser le six jours de New York. J’ai couru pendant deux jours et marché pendant quatre. C’était vraiment dur. S’en est suivie une période d’un mois de repos. » L’année suivante, c’est un dix jours qu’il amorce. Quatre-cinq jours de course entravés par des problèmes de périostite dont il dit être coutumier. Rien ne semble pour autant lui faire peur. Il participe à un ultra trio au cours duquel trois distances sont à accomplir : 1100 km, 1600 km et 2200 km dans un temps limité. « Le plus dur est de gérer son temps », précise t-il. Et le parisien avoue fermement qu’il n’est pas décidé à arrêter là. II rêve d’aller toujours plus loin : « quand on vieillit, on veut s’améliorer et comme ce n’est plus en vitesse, c’est en endurance. »
Un organisateur ambitieux
C’est aussi dans l’organisation d’épreuves qu’il aime s’investir, depuis 1981. « J’ai voulu apporter ma pierre dans cet univers sportif », explique-t-il dans un large sourire. « Il s ‘agit d’une étape supplémentaire : le partage de mon expérience de coureur. » Après une première épreuve de 5 km organisée en 1981 au Bois de Boulogne, les ambitions de l’équipe organisatrice s’accroissent très vite. Le nombre d’épreuves est toujours plus important. D’une course par an au début, elles ont vite lieu plusieurs fois dans l’année. Unnatishil affiche même d’autres envies : « J’aimerais qu’il y aie des 3 000 m toutes les semaines », une distance qu’il affectionne particulièrement. Mais avant tout, il se plaît surtout à organiser des ultras grâce auxquels des liens forts peuvent être noués entre les sportifs. D’ailleurs, en juillet dernier, le 15e 100 km a été organisé, rassemblant 70 fondus de longues distances.
Un défi atypique
En constante recherche de nouveauté, peut-être même d’originalité, le sportif ne manque pas d’imagination. Depuis le 29 février dernier, il poursuit un défi personnel, pour le moins atypique : réaliser 13 marathons en un temps réduit. « J’en ai réalisé un le dimanche, un autre le jeudi. puis durant trois semaines, les mardi, jeudi et dimanche. A ce jour (le 26 mars ndlr), 10 marathons ont déjà été parcourus. »Et ce ne sont pas les quelques douleurs ressenties depuis peu qui semblent entacher la détermination du coureur. Au-delà du défi, le plus surprenant est tout de même le lieu choisi pour le réaliser. Il s’agit tout simplement du trottoir qui jouxte l’arrêt du métro Richard Lenoir. Un circuit citadin donc, que le marathonien foule 44 fois. « Sans oublier les 87 mètres supplémentaires à parcourir pour faire exactement 42,195 km ». tient-il à préciser. Et à la question de savoir si le parcours ne lui paraît pas monotone parfois, il rétorque : « Urbain dans l’âme, je m’accommode aisément de courir en ville. Et à aucun moment je ne m’ennuie. La course est une discipline très proche de la méditation, dans laquelle on ne trouve jamais le temps long. » D’autant que ce défi constitue un bon entraînement pour les 6 jours de New York qui se déroulent du 2 au 8 mai. Et qu’en est-it de ses prochains objectifs ? A cette question, Unnatishil répond : « un 1000 miles ! Mais j’essaye déjà de franchir le 700 miles (1100 km) en douze jours. » Pour cela, le sportif accompli rappelle que tout dépend de son inspiration, clé de voute de sa motivation.
Bio-Express :
Unnatishil Bravo
Né le 10 février 1958 à Paris
1m77- 84 kg
Réside à Paris
Licencié
Première course officielle : Marathon de Paris en 1980
Il a réalisé près de 80 marathons (dont Hawaï, Rome, Paris…), 10 24 h, 3 48 h, 10 100 km, 36 ultras.
Records personnels : 12 min 30 s sur 3 000 m, 3 h 15 min au marathon de Boston, 10 h 59 min sur 100 km, 161 km parcourus en 24 h, 205 km parcourus aux 48 h de Cologne, 435 km parcourus aux six jours. 615 km aux dix jours et 800 km aux 12 jours.
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VO2 08/2001
Par Jayasalini Abramovskikh
1 Juin
Au-delà des 5000 km
Ashprihanal Aalto n’a que 30 ans mais ce jeune Finlandais paraît adorer brûler son corps sur l’autel de l’ultra. Jugez-en plutôt : entre le 17 juin et le 7 août, A. Alto a chaque jour arpenté le petit circuit de 883 mètres tracé dans les rues de Queens, une banlieue de New York. Il a quotidiennement parcouru 103 km, pour remporter pour la 2ème année, la 5ème édition des « 3100 miles Sri Chinmoy ». Et ce coursier professionnel a poursuivi son effort pendant 9 tours supplémentaires pour atteindre les 5000 km qu’il a bouclés en 48 jours 13h08min16s. Deux autres coureurs s’étaient lancés dans ce défi surhumain : le Yougoslave N. Arsic termine pour la 3ème fois en 50 jours et 14 heures, alors que Suprabha Beckfjord finit 3ème. Cette Américaine de Washington, commerçante dans une boutique de souvenirs, devient ainsi la seule personne à avoir couru les 5 éditions, cette fois-ci en 52 jours 10h38min.
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L’Ultra Marathonien Automne 2000
Par Jayasalini Abramovskikh
1 Septembre
6 et 10 jours Sri Chinmoy à New York : deux mondes
Imaginez une île entre Manhattan (le centre ville de New York) et le Queens (un des cinq quartiers qui constituent New York), qui ne soit faite que d’espaces verts. Cette île paisible est le témoin silencieux d’un des ponts immenses allant à Manhattan qui la surplombe avec son flot incessant de camions. Un peu plus loin, on voit un autre pont supportant le passage de trains. Des bateaux la longent, grands et petits, au rythme des marées (l’océan n’est pas loin) qui font changer deux fois par jour le sens du fleuve.
Sur cette île, un parcours plat d’un mile (1609m), « un village » pour les coureurs. Ce dernier est constitué :
d’un espace réservé au repos des coureurs, soit des tentes privées soit des halls communs divisés en un espace pour hommes et un espace pour femmes ;
d’un stand de comptage 24h/24 et son panneau indiquant la position de tous les coureurs ;
d’un hall couvert pour la nourriture où l’on s’arrête parfois où il fait si bon et où on y trouve tant de bonnes choses pour les coureurs 24h/24 plus trois repas par jour :
d’un hall mi-couvert au bord de la piste laissant une table et une chaise à chaque concurrent ;
d’une tente médicale permanente.
Dimanche 30 avril 2000 à 18h, les 15 coureurs héroïques du « 10 jours » sont partis depuis 4 jours et 28 coureurs s’apprêtent à les rejoindre dans cette épopée de 6 jours… seulement ! Sur la ligne de départ tous les concurrents sont présentés. Une attention particulière fut donnée à Ted Corbitt, « père » de l’ultra distance aux USA et âgé de… 81 ans. Il fut le premier grand coureur US sur des courses dépassant le marathon telles que 100 miles ou 24h.
Il faisait un temps gris et froid en cette fin avril, mais le jour du départ il a fait beau et doux. Malheureusement les trois jours suivants allaient être à nouveau gris, froids et pluvieux.
Je ne savais comment établir une stratégie pour courir cette première expérience. Finalement je m’arrêtais chaque soir vers minuit et reprenais vers 5h30, m’accordant une à deux heures de repos à midi et à 18h pour massage et repas qui étaient les bienvenus et donnés avec tellement d’attention.
Après 48 heures, je n’arrivais plus trop à courir et donc marchais au contraire des premiers qui montraient une belle régularité aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Au bout du compte j’ai couru la plus longue distance de ma vie : 435 km (271 miles) et je prévois l’année prochaine de la dépasser… lors du 10jours !
Merci à Sri Chinmoy, le fondateur du club, aux bénévoles et à tous ces coureurs formidables !
Unnatishil Bravo
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Jogging International 09/1984
Par Jayasalini Abramovskikh
1 Septembre
Sri Chinmoy : la recherche de la perfection
Par Kishore Cunningham
Tous les jours à 4 h 30 du matin, dans son quartier new-yorkais du Queens, Sri Chinmoy s’adonne à un entraînement assidu.
La vogue de la course à pied de style libre a désormais largement dépassé les dimensions d’une simple « marotte ». Tandis que de plus en plus de gens y trouvent un plaisir qu’ils étaient loin de soupçonner, des chercheurs se sont attachés à découvrir les bénéfices que cette course pouvait procurer, aussi bien aux individus qu’à la société elle-même. Cet article décrit le lien qui existe entre la course et la méditation, à travers le regard de Sri Chinmoy.
Pour certains, où qu’ils se trouvent, le besoin de courir est irrésistible. Qu’il pleuve ou qu’il vente, vous les trouverez à s’entraîner avec joie et détermination, progressant régulièrement vers leur but. En hiver, il fait froid à New York. Quelques fois, ce froid est même douloureux. Mais lorsque vous êtes un coureur, le « devoir » est évident. C’est ainsi que, que soit le temps, vous trouverez Sri Chinmoy courant tous les matins à 4h30 dans les rues de son quartier de Jamaïca, dans la banlieue new-yorkaise du Queens, le long de parcours maintes et maintes fois marqués de ses pas. Ou bien s’entraînant à des départs de sprint sur le stade du collège du quartier.
La popularité de Sri (1) Chinmoy n’a cessé de s’accroître au cours des quatre dernières années : plus de 200 courses, marathons et triathlons ont lieu chaque année dans le monde entier sous le nom de cet homme svelte, et cependant athlétique et musclé… Cela ne représente pas qu’une simple dédicace à un grand homme.
Les membres du Centre de Méditation Sri Chinmoy et de son équipe de marathon ont dédié leur vie à la poursuite de la philosophie de Sri Chinmoy, axée sur la quête de la perfection intérieure.
La vie de Sri Chinmoy lui-même nous rappelle qu’il n’est pas qu’un philosophe dans un fauteuil. Son amour pour la course est une forte expression de sa foi en l’action. En une action dévouée qui, selon lui, nous conduira inévitablement à des buts élevés dans la vie. « La course, dit-il, nous rappelle notre voyage intérieur, qui se trouve au-delà de nous… »
« Il n’y a qu’un seul chemin parfait, et ce chemin est devant vous, toujours devant vous ».
Plus de vérité
Dans sa jeunesse, Sri Chinmoy aimait particulièrement le grand athlète américain Jesse Owens.
Sur une plaque qu’on lui a dédiée, on peut lire : « A l’immortel Jesse Owens : le monde du désir t’a aimé pour ta vitesse extérieure, le monde de l’aspiration t’aime pour ta vitesse intérieure. »
Cette admiration a été la force conductrice de ses propres performances de champion d’athlétisme (sprint et décathlon) pendant de nombreuses années dans la communauté où il vivait.
Les heures passées sur le stade peuvent s’intégrer à sa recherche dans un autre domaine de l’effort humain : la perfection. Sa philosophie est basée sur cette double approche de la vie, associant le dynamisme extérieur à la paix et à la joie intérieures. La devise, à présent bien connue, de l’équipe de course Sri Chinmoy, résume tout cela dans la métaphore suivante : « Cours et deviens. Deviens et cours. Cours pour progresser dans le monde extérieur. Deviens pour progresser dans le monde intérieur. »
Sri Chinmoy ne limite pas sa transcendance (2) au domaine de la course et à la méditation. Depuis qu’il travaille en occident, il est devenu un auteur, un artiste et musicien extraordinairement prolifiques. Son « marathon littéraire » le plus récent eut lieu en 1983, avec la publication du 100ème, volume d’une série de 10 000 poèmes intitulés « Dix mille fleurs ardentes ». Au cours d’une autre performance « marathonienne » de poésie, il composa 843 poèmes en 24 heures !
Ces incroyables performances sont une expression forte de sa mission pour montrer à l’humanité que nous sommes tous capables de performances de ce genre lorsque nous nous sommes débarrassés des entraves qui nous limitent : « Tout ce que je fais est une expression de mon cri intérieur pour plus de vérité, plus de lumière, plus de félicité. Je ne dis pas cela pour me faire remarquer. Tout ce que je veux signifier, c’est ce que je ne suis ni un poète, ni un artiste, ni un coureur, je suis un chercheur. »
Une expérience de joie
C’est cette même expérience qu’il offre à l’humanité à travers l’ensemble de ses propres actions. Les courses Sri Chinmoy constituent une petite part de cette expression, en regard des nombreux concerts et conférences qu’il donne dans le monde entier, ainsi que de ses méditations avec des personnalités politiques et religieuses aux Nations-Unies.
Sri Chinmoy pense que la clef d’une course réussie se trouve dans ce qu’il appelle une haute conscience : « Pendant trois heures, explique Prasanta, membre de la branche de l’équipe de marathon de Melbourne, nous nous occupons des coureurs , pour leur donner une expérience de joie dans un esprit de don de soi. Nous sommes nous-mêmes des coureurs et nous savons ce que nous recherchons dans une course. Nous faisons toujours de notre mieux pour être enthousiastes et pour offrir cette joie, parce que la course peut être de temps en temps une véritable torture. Nos objectifs sont élevés, mais c’est ce que désire Sri Chinmoy. S’ils étaient plus faibles, ce ne serait pas loyal vis-à-vis des coureurs ».
Les courses Sri Chinmoy se sont désormais établi une solide réputation. Animesh, membre du groupe de Brisbane, a ses idées là-dessus: « A travers la méditation, nous essayons toujours d’aller un peu plus profondément en nous-mêmes et de devenir plus conscients de nos capacités cachées. L’une d’entre elles est de réaliser que nous sommes capables d’être maîtres de nos destinées. Nous ne devons pas être malheureux si nous choisissons de ne pas l’être. Or, nous pouvons trouver une expérience identique dans la course. Lorsque je cours, je trouve de la joie, non parce que je suis meilleur qu’un autre, mais parce que j’essaie de m’améliorer. L’attitude des coureurs .s’est développée dans ce sens lorsqu’ils participent à nos courses. Nous les traitons comme s’ils faisaient partie d’une grande famille. Ils l’apprécient, nous aussi… et si nous sommes tous membres d’une seule et même famille, la compétition est amicale ! »
« La course et la méditation associées offrent à l’humanité leur défi grandiose de transformer la nature humaine. »
L’exemple de Zatopek
Sri Chinmoy a beaucoup à dire sur la nature de la compétition. Il pense que la course de la vie doit finalement être courue et gagnée par chacun individuellement. La compétition amicale est inspirante et donne l’occasion d’essayer un petit peu plus. Finir une course demande parfois une grande détermination et une grande force de volonté. Terminer le dernier tout en restant heureux et en s’identifiant à la joie du vainqueur est une étape encore plus décisive vers la perfection.
Emil Zatopek en fournit un exemple majeur. De 1948 au début de l’année 1956, il domina la course de longue distance au niveau mondial. L’un de ses plus grands rivaux était le Français Alain Mimoun, qui n’avait jamais pu le battre. Malheureusement, Zatopek subit une opération de hernie juste avec les Jeux Olympiques de Melbourne.
Bien qu’inscrit au marathon, il ne se présentait pas dans une forme physique idéale. Dès le début, il sentit qu’il n’était pas bien, mais il décida de surmonter sa défaillance plutôt que d’abandonner, et finit à la 6ème place. Pendant ce temps, Mimoun gagnait la course de sa vie et attendait impatiemment son grand ami et rival pour le féliciter. Lorsque le grand champion franchit la ligne, avec peine, il puisa immédiatement ses dernières ressources pour lui présenter un impeccable salut militaire. Cet exemple suprême d’unité dans la défaite permet de comprendre l’esprit de la course pour la transcendance de soi.
Un grand maître
Ted Corbitt, le père de la course de longue distance en Amérique : « Les clubs de course Sri Chinmoy et leur maître spirituel – un groupe unique de gens – ont exploré les nombreuses facettes de la méditation et de la course… Pour eux, la course et le monde spirituel sont en étroite corrélation. »
Emil Zatopek, dans un livre dédié à Sri Chinmoy : « Avec l’admiration la plus grande au gourou le plus grand. »
Arthur Lydiard, entraîneur, pendant une réunion avec Sri Chinmoy et son « marathon team » : « Vous avez probablement ici l’une des plus grandes motivations du monde. »
Kenso Nakamura, entraîneur japonais: « A vous voir et à vous parler, je comprends que votre philosophie est basée sur les vérités les plus hautes… et le fait que cette même philosophie se pratique à New York est vraiment étonnant. »
Jesse Owens : « Je crois beaucoup en ce que vous faîtes et je figure parmi vos admirateurs. Je vais donc transmettre ma croyance en votre philosophie, parce que c’est ce dont on a besoin. »
Photo du haut : avec Emil Zatopek.
Photo du bas : avec Rob de Castella et sa femme.
(1) Sri signifie Monsieur, avec une nuance de respect (comme le Sire français). A noter que ce mot a donné le Sir anglais.
(2) La transcendance est la qualité de ce qui est transcendant, c’est-à-dire qui s’élève au-dessus, supérieur, qui excelle en son genre (comme un génie).
Sri Chinmoy encourage cette attitude dans tous les domaines de l’effort humain et la course rend vivante son expression sur un plan à la fois accessible et direct. Utilisant la métaphore de la course, Sri Chinmoy en élargit l’étendue: « Essayez tout le temps de dépasser et de surpasser tout ce qui vous ennuie et qui se trouve en travers de votre chemin. Soyez un véritable coureur, afin que l’ignorance, les limites et les imperfections restent loin derrière vous dans la course. »
La course est donc à la fois un conditionnement pour une activité spécifique sur le plan extérieur et une préparation pour la marche vers le plan intérieur. De même, la méditation est propre à la fois au développement de la personnalité intérieure et à la préparation du mouvement vers des accomplissements extérieurs. La puissance associée des deux activités conduit vers un paradis de transcendance de soi qui se trouve bien au-delà de tout entendement.
Les similitudes entre la course et la méditation sont très fortes. Toutes deux demandent un haut niveau de concentration et beaucoup de pratique pour devenir probantes. Cette activité de concentration soutenue ouvre les portes de nouvelles révélations sur la vie, sur le plan extérieur aussi bien que sur le plan intérieur.
La course et la méditation sont toutes deux orientées vers un même but : cultiver un état de bien-être physique et spirituel. Nous ne nous sentons plus limités par les craintes superficielles du mental devant la nouvelle force du corps et l’égalité d’humeur de l’esprit.
L’expérience de la méditation est difficile à décrire. Une bonne comparaison pour les coureurs : les instants juste après une course ou un dur entraînement, instants qui semblent se situer en dehors du temps. Le but est atteint et la relaxation apporte soudain un calme et un silence intérieur authentiques. De même, la méditation est une course intérieure, un effort pour prendre le contrôle sur le mental et les sens, et pour entrer dans une expérience profonde élargissant la conscience.
Sri Chinmoy a participé en 83 aux championnats mondiaux des Vétérans à Porto Rico (World Masters Games). Il voit dans ces jeux l’espoir qu’un jour viendra où les compétiteurs constitueront une grande famille mondiale et que les compétitions se dérouleront dans une atmosphère d’Unité et d’Amitié dénuée de toutes différentiations politiques ou sociales. Les médailles n’auraient alors plus de sens. C’est notre destinée que de changer le visage de la réalité pour qu’elle devienne toujours plus vaste. La course et la méditation associées offrent à l’humanité leur défi grandiose de transformer la nature humaine. Par la course, nous partons à la conquête du temps fuyant. Par la méditation, nous partons à la conquête du temps éternel. Si la vie peut être comparée à une course, alors donnons-lui le meilleur de nous-même.
Cours et « deviens »…
Par Sri Chinmoy
Nous possédons tous un but identique, la perfection intérieure, que chacun atteint d’une manière qui lui est personnelle. Chaque individu court, consciemment ou non, vers son but, mais celui qui court consciemment atteindra le but plus tôt que celui qui dort encore. Nous avons tous quitté le point de départ. Cela dit, un individu peut être placé derrière un autre lors de cette course qui mène vers le Divin, ou si vous préférez, vers notre Soi le plus haut. Mais tous courent vers le même but. Tous les individus progressent.
Parfois vous êtes inspiré à courir vers le but parce que d’autres personnes y courent et que cela vous fait ressentir que le but a quelque chose à offrir. Mais parfois vous y allez parce que vous possédez vous-même l’intense aspiration intérieure de l’atteindre. Votre imploration intérieure s’est accrue, votre besoin d’amour, de vérité et de lumière également. C’est à vous de décider si vous souhaitez courir lentement ou rapidement. Si vous souhaitez courir vite, vous devez simplifier votre vie extérieure, votre vie de confusions, de désirs, d’inquiétudes et d’angoisses. Et, parallèlement, vous devez intensifier votre vie intérieure, votre vie d’aspiration, de consécration et d’illumination.
Dîtes-vous qu’il n’y a pas d’échec. Il n’y a qu’une seule piste, un seul chemin vers le but, et parfois il vous faut simplement vous reposer. Pour atteindre le but, vous pouvez ramper, marcher, défiler, courir, mais vous ne pouvez vous permettre de sortir de la piste. Vous verrez d’abord que le but est juste devant vous. Puis vous apercevrez le but en vous. Et enfin vous constaterez que le but n’est pas seulement en vous, mais que vous êtes vous-même le but. Vous êtes déjà parfait à l’intérieur. Vous devenez votre but.
Lorsqu’on médite, on accroît son équilibre et on apprend à contrôler et à conquérir ses pensées, ce qui aide sans aucun doute à courir. Lorsque vous courez de longues distances, votre mental peut aisément concevoir une certaine frustration. Le mental se dit alors : « Oh, que c’est ennuyeux », et il vous empêche de franchir un pas de plus. Vous pouvez aussi rencontrer toutes sortes de pensées frustrantes tandis que vous courez, des pensées qui vous disent que vous êtes un incapable, que vous accomplissez quelque chose d’insignifiant. Lorsqu’on médite, on ressent un grand équilibre, et comme vous sentez que quelque chose d’utile est en train de se produire, vous obtenez un sentiment de force tangible. Si vous parvenez à amener à la surface de votre mental l’équilibre et le sentiment de la force, cela vous aide indiscutablement à courir.
L’aide que vous recevez de la pratique de la méditation vous soutient kilomètre après kilomètre. La méditation nous enseigne à vider notre mental de ses pensées et si vous parvenez à le faire lorsque vous courez, votre mental n’intervient plus dans votre course. C’est ainsi que l’on peut affirmer que la méditation vous aide au-delà de votre imagination.